Le feu couve dans les locaux qui abritent le projet de sauvegarde et de valorisation de la baie de Cocody (PABC). Nommé sur proposition du Premier ministre Patrick à la tête du PABC en 2022 en remplacement de Pierre Dimba, voilà que la gestion du coordonnateur Bê Lancina Coulibaly est décriée par un collectif des agents de l’institution, deux ans après sa prise de fonction.
-Bê Lancina Coulibaly accusé de mauvaise gestion et d’acte de harcèlement sur le personnel
Pour la réalisation de ce joyau de sauvegarde de l’environnement, l’Etat ivoirien prévoyait d’investir dans un premier temps 272,75 milliards de FCFA afin d’accroître l’activité touristique de la ville d’Abidjan et créer des emplois. Bâti sur 136 hectares de plan d’eau lagunaire, selon le site Gouv.ci, le projet de sauvegarde et de valorisation de la Baie de Cocody comprenait deux tranches (02) dont la première comprend deux (02) phases. Si la première tranche des travaux est presque achevée, selon le site gouvernemental, la deuxième quant à elle est en cours d’exécution avec la création de quais de promenade, d’une Plaine sportive et de la Marina (base nautique devant accueillir des bateaux de plaisance). Le pré-réchauffement de la Plaine sportive, les travaux de consolidation de la zone de battage des pieux de guidage de la Marina et la création de la Coulée Verte qui est un aménagement urbain d’un corridor de végétation de 3 000 ha entre la forêt du Banco et la Baie de Cocody ne sont pas totalement achevés. Ceci, selon des indiscrétions, à cause de l’assèchement des finances et du désistement des bailleurs de fonds qui ont tourné dos au projet.
Depuis donc l’arrivée du coordonnateur Bê Lancina Coulibaly en 2022 à la tête de ce beau projet, les choses vont de mal en pis. Manquant de politique managériale, le coordonnateur du PABC a une fâcheuse tendance à faire le ménage en arrivant, pour mettre à la tête des services de nouvelles personnes qui protègent ses intérêts et, avec pour mission secrète de purger ce grand projet à son avantage. En y vidant les forces vives pour installer ses hommes, il arrive à se servir au lieu de servir l’intérêt général de l’état. C’est ce sentiment qui se dégage au niveau de tous les observateurs du projet de sauvegarde et de valorisation de la baie de Cocody. Au PABC, Bê Lancina Coulibaly semble ne plus y avoir de limite.
-7 véhicules de fonction pour le coordonnateur et le chef du projet
A travers un jeu de chaise musicale, il procède à des remplacements du jour au lendemain, pour faute grave, pour des motifs réels ou supposés. Autant de coups de pressions qu’il exerce au PABC en distribuant, au personnel de ce grand projet qui a coûté près de 300 milliards FCFA l’Etat de Côte d’Ivoire, des mises à pieds et des demandes d’explication de façon tout azimut. Toutes les semaines, Bê Lancina Coulibaly, dont la performance à la tête du PABC laisse à désirer, produit des notes de service pour maintenir les travailleurs dans un état de psychose permanent. Pendant ce temps, il frappe aux porte de l’Inspection du travail afin d’obtenir un soutien légal pour donner du crédit aux actes qu’il pose au PABC. Un jeu qui consiste à vouloir mettre des agents à la rue en violation des textes sur le travail en vigueur en Côte d’Ivoire.
Exaspérés par l’attitude du coordonnateur Bê Lancina Coulibaly, un collectif des agents de PABC a, le 16 septembre 2024 adressé un courrier aux institutions de la république de Côte d’Ivoire dont nous avons reçu copie, pour ‘’dénoncer sa mauvaise gestion’’ et ses ‘’actes de harcèlement sur le personnel du PABC’’.
LE COLLECTIF DES AGENTS MONTE AU CRENEAU ET DENONCE
«Nous, les Agents du Projet de Sauvegarde et de Valorisation de la Baie de Cocody (PABC) avons le grand honneur de vous écrire pour hélas dénoncer les abus, menaces et mauvais actes de gestion que nous subissons au quotidien de la part de M. Bê Lancina Coulibaly, notre Coordonnateur.
En effet suite à notre courrier référencé 001/2024 du 05/09/24 transmis à vous, la situation continue de se détériorer. Ainsi, le Coordonnateur et le Chef de projet M. Doffou Hilaire N’Touvi envisagent de licencier le personnel du projet αυ 31/12/24 pour des raisons économiques selon eux, en violation des réglementations et sans la notification du Ministère de tutelle. Nous sommes préoccupés par les résultats et la performance du PABC chers à vous-même et à son Excellence Monsieur Alassane Ouattara, Président de la République.
Nous notons beaucoup d’actes de mauvaise gestion du Coordonnateur et du Chef de projet dont nous vous en citons que 03 exemples:
1- Licenciement des employés pour motif économique pendant qu’il envisage un recrutement. Il fait des acquisitions qui n’ont pas d’utilité, telles que des véhicules neufs et des pneus neufs stockés au sein des locaux de I’UG-PABC.
2- Aussi, voulons nous signaler qu’en deux (02) ans de gestion M. le Coordonnateur a acquis 15 véhicules à trois cent vingt-huit millions huit cent quarante-deux mille (328 842 000) FCFA sur le budget, malgré le parc déjà fourni. Ainsi lui et le Chef de projet se sont arrogés par abus, 07 véhicules de fonction.
POUR LE COORDONNATEUR SEUL
01 véhicule de marque Toyota Prado TXL d’un montant de 44.850.000 FCFA;
01 véhicule de marque Ford explorer d’un montant de 44. 000.000;
01 véhicule de marque Ford Pick-up (en cours d’acquisition chez TRACTAFRIC)
01 véhicule de marque Peugeot 4×4 (en cours d’acquisition chez CFAO)
POUR LE CHEF DE PROJET SEUL
01 véhicule de marque Toyota Hilux d’un montant de 23.644.067 FCFA
01 véhicule de marque Mazda CX5 d’un montant de 19.600. 000 FCFA
01 véhicule de marque Toyota Fortuner d’un montant de 22.900.000 FCFA
Menaces constantes du personnel, favoritisme dans l’attribution des véhicules, dépenses indues…
Dès lors: une enquête et un audit de confirmation s’imposent afin de rétablir la bonne gestion et de garantir la quiétude et la dignité des travailleurs du PABC.
Confiants que votre leadership gagnant, trouvera les solutions pour les travailleurs et le projet PABC, nous vous prions de recevoir, Monsieur le Président, notre sincère et grande gratitude».
Dans la foulée, le coordonnateur Bê Lancina Coulibaly avait saisi l’Inspection du Travail dans l’intention de pouvoir vite se débarrasser des pères et des mères de familles qui avaient pourtant cru en ce projet. De sorte qu’il puisse avoir carte blanche pour faire de nouveaux recrutements en liquidant aussi facilement que cela puisse paraitre des agents qui travaillent sur un projet colossal de l’Etat.
En plus de l’inspection du Travail qu’il a saisie, Bê Lancina devra aussi saisir le conseil national du dialogue social avec les preuves de la faillite économique du projet. Des délégués ou les personnes visées par sa mesure devront également être interrogées dans le cadre de cette procédure.
-Il veut jeter l’éponge le 31 décembre pour mettre 40 cadres dans la rue
Plus futée, c’est bien ce que l’Inspection du Travail de Cocody 1, sise au Vallon par courrier N°0 01396 NMEPS/DGT/DIT/ITCI qui ne veut pas jouer le jeu du coordonnateur, a tenté de lui faire comprendre dans une note en date du 6 septembre 2024.
Elle a lui a indiqué ´’les démarches légales à effectuer en vue de la clôture du Projet’’. A savoir un contrôle financier de la gestion du coordonnateur Bê Lancina Coulibaly qui se cache derrière le motif de ‘’ la clôture des financements des Bailleurs à la date du 31 décembre 2024 pour mettre fin aux contrats de travail de l’ensemble du personnel’’.
LA REPONSE DE L’INSPECTION DU TRAVAIL DE COCODY A BÊ LANCINA COULIBALY
«Par courrier en date du 29 août 2024 reçu par mes services le même jour, vous sollicitez la collaboration de mes services pour la mise en œuvre des différentes procédures de licenciement à la clôture du Projet de Sauvegarde es de Valorisation de la Bale de Cocody et de la Lagune Ebrié (PABC).
Vous indiquez qu’en raison de la clôture des financements des Bailleurs à la date du 31/12/2024, les contrats de travail de l’ensemble du personnel devront subséquemment prendre fin.
-Il appelle l’Inspection du Travail à la rescousse qui lui exige la conformité sociale
De l’analyse des pièces versées au dossier, j’ai l’honneur de vous faire connaître que conformément aux dispositions de l’article 18.9 du code du travail, constitue un licenciement pour motif économique. Le licenciement opéré par un employeur en raison d’une suppression ou transformation d’emploi, consécutives notamment à des mutations technologiques, à une restructuration ou à des difficultés économiques de nature à compromettre l’équilibre financier de l’entreprise.
Ainsi, eu égard à la suppression des emplois en lien avec la clôture de votre projet au 31 décembre 2024, la procédure adéquate à appliquer serait celle du licenciement pour motif économique, telle que prévue par les articles 18.10 et suivants de la loi N°2015-532 du 20 juillet 2015 portant Code du travail. L’article 18.10 stipule, en substance, qu’une réunion d’information et d’explication avec les délégués du personnel doit être organisée.
-Des agents du PABC convoqués à la police par Bê Lancina Coulibaly
Par ailleurs, dans le cadre de cette procédure, l’article 18.11 précise que « le chef d’entreprise adresse au Conseil national du dialogue social, pour avis et professionnels, impose aux services de l’inspection du Travail de réaliser différents types de contrôles, qu’ils soient planifiés ou inopinés, en fonction des exigences de surveillance et de sécurité au travail».
En conséquence, le contrôle prévu dans votre entreprise ne résulte pas d’une erreur mais bien d’une démarche nécessaire visant à garantir le respect des dispositions légales et la protection de vos employés. Les services de l’inspection du Travail restent disponibles pour accompagner votre entreprise à la conformité sociale ».
Bê Lacina et San Lydie JOUENT AU CACHE-CACHE AVEC LES JOURNALISTES
Depuis le dépôt du courrier par le consortium de journalistes à l’effet de recouper et d’équilibrer les accusions du personnel portées contre le coordonnateur, la panique s’est installée au PABC. Bê Lancina Coulibaly a multiplié les mises à pieds et attribué des demandes d’explication aux agents. Dans une atmosphère délétère, il a fait installer un peu partout des caméras jusqu’à dans l’intimité du personnel afin de mieux le contrôler. Toutes les deux semaines, il affiche des notes de service voilées de menaces.
Vingt-trois (23) jours après la notification de notre courrier à Bê Lancina Coulibaly, nous avons saisi à travers une correspondance la commission d’accès aux informations d’intérêts publics et aux documents publics (CAIDP) et tenté de déposer copie de la saisine au PABC.
-Le jeu de cache-cache du coordonnateur et de San Lydie avec les journalistes
Mal en pris Mlle San Lydie, l’assistante du coordonnateur, qui a donné instruction au service courrier de ne pas décharger notre lettre. Sous prétexte que ce courrier était uniquement adressé à la présidente de la CAIDP. Elle a insisté que nous reprenions un autre courrier en y mentionnant le nom du coordonnateur. C’est ce que nous avons fait. Nous y sommes revenus dans l’après-midi avec un second courrier qui porte cette fois-ci le nom du coordonnateur Coulibaly. Après un quart d’heure d’attente, c’est un certain N’Guettia qui pointa le bout de son nez dans un costume flottant comme un vendeur ambulant de médicaments dans la rue, qui vient me poser des questions sans la moindre courtoisie. Comme s’ils s’étaient passés le mot d’ordre, après le cirque du sieur N’Guettia, c’est Mlle San Lydie elle-même qui nous reconduit avec notre courrier : ‘’Mon patron le coordonnateur nous a instruit de ne pas décharger votre courrier. Vous pouvez repartir. Nous n’allons pas prendre votre courrier monsieur’’. Un jeu de cache-cache qui prouve la panique et la fébrilité de Bê Lancina Coulibaly qui a montré ses limites en matière de management de projet et qui se la coule douce. Il veut procéder à un licenciement pour motif économique sans le contrôle de l’inspection du travail, et ensuite susciter des recrutements de nouveaux agents sans se conformer aux lois en la matière.
Finalement, en lieu et place de l’Inspection du Travail, c’est à la police criminelle que Bê Lancina Coulibaly a décidé de convoquer les agents qu’il veut mettre à la porte.
LE COURRIER DU 23 SEPTEMBRE 2024 AUQUEL BE LANCINA COULIBALY N’A JAMAIS VOULU REPONDRE
A
Monsieur le Coordonnateur du Projet de Sauvegarde
et de Valorisation de la Baie de Cocody (PABC)
Objet : Demande d’informations et de documents
Monsieur le Coordonnateur,
En notre qualité de journaliste d’investigation au journal L’ENQUETEUR, membre de la plateforme des journalistes d’investigations pour la promotion de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption, nous réalisons une investigation sur la gestion du Projet de Sauvegarde et de Valorisation de la Baie de Cocody (PABC).
À cet effet et en application de la loi n°2013-867 du 23 décembre 2013 relative à l’accès à l’information d’intérêt public, nous vous prions de bien vouloir mettre à notre disposition les informations et les documents ci-dessous mentionnés :
1. les contrats liant le PABC au personnel
2. le bilan des deux dernières années du PABC
3. le rapport de l’inspection du travail sur le PABC
4. les raisons du jeu de chaises musicales au sein du PABC
5. la liste de véhicules du PABC à votre prise de fonction
6. les raisons et le coût d’achat de véhicules acquis depuis que vous dirigez le PABC
7. les destinataires de ces nouveaux véhicules
8. les critères d’attribution de ces véhicules
9. l’autorisation de l’ARTCI pour l’installation et l’utilisation des caméras dans les locaux du PABC
10. les raisons des mises à pieds et des demandes d’explication adressées au personnel
11. les rapports annuels 2023 et 2024 du PABC adressé à la Primature
12. les raisons de la lenteur des travaux du PABC
13. le coût de réalisation du PABC
Conformément à la loi susmentionnée, nous sollicitons ces documents et informations sur support numérique ou physique, afin de nous permettre de recouper et de mener à bien notre investigation.
A toutes fins utiles, nous notons que cette enquête est conjointement menée avec le consortium de l’Organisation nationale des journalistes d’investigation de Côte d’Ivoire (ONJI-CI) : KONÉ SERIBA, Président de l’organisation nationale des journalistes d’investigation de Côte d’Ivoire: 07 57 06 69 80 ; JULES EUGÈNE N’DA, président du réseau des journalistes engagés contre la corruption et l’injustice : 07 07 58 15 81 et HERVÉ MAKRÉ, Directeur de publication de Ledebativoirien.net : 07 09 60 59 58..
Veuillez agréer, Monsieur le Coordonnateur, l’assurance de notre profond respect.
Ampliations :
-Son Excellence Monsieur Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire
-Commission d’accès à l’information d’intérêt public aux documents publics (CAIDP)
-Autorité Nationale de la Presse (ANP)
-Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance (HABG)
Réalisée par Dosso Villard
