Quand le remboursement de la dette devient intenable
L’information est presque dans toute les médias : la Côte d’Ivoire négocie le remboursement d’une dette de 800 milliards FCFA. Pourtant, le gouvernement affirmait haut et fort que le poids de sa dette était entièrement maîtrisé et que le pays n’avait aucun soucis pour la rembourser. Apparemment avec cette nouvelle évolution, les choses sont un peu plus compliquées que ce que les différents ministères disaient sur la question.
En 2025, la Côte d’Ivoire doit rembourser des dettes estimées à un peu plus de 800 milliards de FCFA. Toutefois, le pays cherche à alléger cette charge en négociant un rééchelonnement de sa dette par le biais d’un reprofilage financier. Cette opération vise à réduire la pression sur les finances publiques et à permettre au Trésor public ivoirien d’optimiser la gestion de ses ressources.
L’État ivoirien a donc initié un processus de reprofilage de sa dette afin d’ajuster son service de la dette pour l’année 2025. Cette démarche implique 30 emprunts obligataires et prévoit le rééchelonnement d’une dette de 800,6 milliards de FCFA.
Selon la note officielle, il est proposé aux détenteurs d’obligations émises entre 2015 et 2024 de substituer les échéances de 2025 par de nouvelles obligations d’une maturité de 5 ans et 7 ans, avec des taux d’intérêt respectifs de 5,90 % et 6 %.
4000 MILLIARDS FCFA À REMBOURSER EN 2025
Les remboursements des obligations ayant pour échéance l’année 2025 seront reportés et les échéances sont programmées après 2025 seront prolongée. Toutefois, le paiement des intérêts sera maintenu.
Pour rappel, le service de la dette (intérieure et extérieure) prévu en 2025 par la Côte d’Ivoire est estimé à plus de 4 000 milliards FCFA. Si l’opération de reprofilage de 800 milliards FCFA est validée, elle allégera la pression budgétaire. Cette manœuvre devrait permettre à l’État d’accroître ses investissements publics, notamment dans les infrastructures, l’éducation et la santé, tout en assurant une meilleure gestion de la dette à long terme.
UNE OPÉRATION À RISQUE
L’État dit avoir initié ce processus en espérant qu’il soit un succès. Le problème c’est qu’au plan interne, la situation économique des prestataires n’est vraiment pas des plus sereines. Les fondateurs d’établissements d’enseignement privé exigent à l’État près de 118 milliards FCFA d’arriérés de frais de scolarité par rapport aux élèves affectés. On ne parle même pas des fournisseurs de l’Etat dirigés par M. Faustin Gré qui eux-aussi réclament des milliards FCFA au gouvernement.
Quant au contexte international, il n’est actuellement pas des plus favorables. En effet l’arrivée de Trump aux USA avec sa propension à réclamer de l’argent qu’il estime appartenir à son pays n’arrange pas les choses quand on sait que les États-Unis sont le plus grand contributeur au niveau de la Banque mondiale (BM). De même la défiance des États francophones africains vis-à-vis de la France peut entraîner des tensions sur le rééchelonnement de la dette de ses pays dont la Côte d’Ivoire au niveau du Fonds monétaire international ( FMI).
Olivier Guédé
Photo légendée : Le gouvernement ivoirien.