-Leurs collègues dénoncent des manœuvres contraignantes pour lever la grève
La tension entre les syndicats de l’éducation et le gouvernement ivoirien a franchi un nouveau seuil ce mardi 8 avril 2025. Tous les membres du directoire de l’Intersyndicale de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (IS-MENA/ETFPA), à l’origine d’un vaste mouvement de grève dans les établissements scolaires publics, ont été arrêtés puis relâchés ce mardi au Plateau, a-t-on appris de sources concordantes.
Ces responsables syndicaux, au nombre de neuf, dont Bli Blé David, le porte-parole de l’Intersyndicale MENA/METFP, ont été conduits à la brigade de recherche de la gendarmerie nationale, au Plateau. Une information rapidement confirmée par plusieurs sources syndicales. Selon plusieurs sources concordantes, les arrestations ont eu lieu à la suite d’une réunion tenue avec la ministre de l’Éducation nationale, Mariatou Koné, que les syndicats qualifiaient pourtant de « rencontre d’apaisement ». Un terme qui contraste avec la suite donnée à cette entrevue.
Les neuf membres du directoire de l’IS-MENA / ETFPA interpellés sont : Bli Blé David, porte-parole principal, Kla Alain Charles, Kouamé Zouzou Raphaël, Boka Kouadio Arnaud, Akaffou Pierre, Zondé Stéphane, Kouassi Jean-Marc, Kangah Ernest et Achi Béché. Ils ont finalement été remis en liberté plus d’une heure après, a annoncé leur porte-parole à 15h15.
INTERPELLATION ARBITRAIRE
Leurs interpellations interviennent dans un contexte de grève lancée depuis le 3 avril 2025 dans les écoles publiques. Ce mouvement social, initié par l’IS-MENA / ETFPA, porte sur deux principales revendications : la revalorisation des primes d’incitation trimestrielles et le respect des libertés syndicales. D’après les chiffres avancés par les syndicats, la grève a mobilisé plus de 95 % des enseignants du secondaire général et technique à travers le pays.
Le climat s’était déjà tendu à la suite de l’arrestation, dans la nuit du 2 au 3 avril, de Ghislain Assy Dugarry, enseignant et figure montante du syndicalisme éducatif. Une interpellation qualifiée d’« arbitraire » par ses proches et vivement dénoncée sur les réseaux sociaux. L’IS-MENA /ETFPA et d’autres structures syndicales ont décidé de reconduire la grève les 7 et 8 avril.
Le 5 avril, la ministre de la Fonction publique, Anne Désirée Ouloto, avait averti dans un communiqué officiel que « tout enseignant qui ne sera pas à son poste [ce matin] sera considéré comme démissionnaire ! ». Elle avait également évoqué la possibilité de poursuites disciplinaires, voire pénales, à l’encontre des instigateurs du mouvement. Des arrestations d’enseignants ont également été signalées à Bouaflé et à Bouaké le 7 avril.
Aucune déclaration officielle des ministères concernés n’a, pour l’heure, été publiée au sujet de ces interpellations.
Olivier Guédé
Photo légendée : Photo de la réunion des syndicats avec la ministre Mariatou Koné.
Encadré
Leurs collègues dénoncent des manœuvres contraignantes pour lever la grève
Alors qu’ils étaient partis prendre part à une réunion avec le professeur Mariatou Koné, ministre de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation (MENA), plusieurs représentant de l’Inter-Syndicat de l’enseignement public ont été arrêtés à la sortie de cette réunion qui était déjà prévue avec la responsable de l’école ivoirienne. Et c’est l’un de ses syndicats qui nous a raconté les faits. « Nos camarades, après la rencontre initiée par le MENA, ont été arrêtés par des éléments de la gendarmerie lorsqu’ils ressortaient des locaux au bas de l’étage. Ils ont été conduits à la Brigade de recherche où après menace, ils ont été libérés et reconduits au ministère de l’Éducation sous forte escorte de la gendarmerie. Je demande à nos membres d’être sereins et à l’écoute parce que tout peut arriver. Assurément que la gendarmerie les a ramenés pour lire une motion de levée de la grève. Si l’un de nos camarades lit une telle motion, tous les enseignants doivent savoir que c’est sous la contrainte. Nous pensons que nos leaders sont charismatiques et ne pourront jamais accepter cela. Nous devons donc rester à l’écoute jusqu’au dernier communiqué », raconte le syndicaliste.
OG