Le Ministre Gouverneur du District Autonome d’Abidjan, Cissé Ibrahima Bacongo a manqué de peu d’être lynché dans la journée du mercredi 23 Avril 2025, par les chauffeurs de mini bus communément appelés Gbakas, au niveau du carrefour pont ferraille reliant Adjamé à Williamsville via Macaci, occasionnant un blocage monstre de la circulation sur cet axe d’ordinaire très fréquenté par les usagers.
On a frôlé le pire le 23 Avril 2025, dans la bruyante commune d’Adjamé, précisément au niveau du pont ferraille, au carrefour stratégique situé à l’intersection située entre l’entrée de la gare des moutons et l’ex-casse d’Adjamé. En effet, de 10 H à environ 15 H et sous une pluie battante, une foule très dense de chauffeurs de Gbakas, auxquels se sont joints de nombreux ‘’Gnambros’’(les chargeurs des minicars et des taxis communaux), les apprentis et des badauds, très remontés contre le Ministre Gouverneur du District Autonome d’Abidjan, Cissé Ibrahima Bacongo, les poings levés en signe de défiance et le visage grave scandaient ouvertement «On veut pas Bacongo on est fatigué. On ne vole pas, on ne fait rien de mal, on se défend uniquement dans le transport. On ne connait rien d’autre que ça. On ne sait plus ce qu’il faut faire.». A l’aide de leurs véhicules, les protestataires ont bloqué les deux voies d’accès à Adjamé et au quartier de Williamsville situé au nord, provoquant une paralysie totale de la circulation. Ces centaines de manifestants qui criaient leurs ras-le-bol semblaient apparemment décidés à en découdre coûte que coûte avec le Ministre Gouverneur. Les éléments de la police nationale, de la gendarmerie et de la police municipale d’Adjamé appelés en urgence étaient littéralement débordés et peinaient à calme les manifestants dont le nombre et la détermination grossissaient au fil des minutes qui s’égrenaient. La raison de toute cette montée de la tension est que selon les témoins de la scène, le Ministre Gouverneur, Cissé Ibrahima Bacongo et ses agents ont pris la fâcheuse habitude de s’en prendre physiquement et incompréhensiblement aux chauffeurs dont les véhicules stationnent à ce niveau, et cela sans vergogne, ni état d’âme, sans aucune explication ni aucune autre forme de procès. Ils sont accusés de dégonfler les pneus des véhicules à l’aide d’un objet contondant, notamment une machette. Un acte qui a pour conséquence directe, une perte financière et la perturbation de leurs activités quotidiennes, estiment les transporteurs. Toujours selon eux, c’est plusieurs véhicules Gbakas qui ont ainsi connu ce sort triste de la part du Ministre Gouverneur ou de ses agents
Une accusation nominale
A en croire Issa Sangaré, le responsable d’un groupe de syndicalistes, le fait du jour est que c’est le Ministre Gouverneur, Cissé Ibrahima Bacongo lui-même qui a créé cette situation de tension. Il assure que : « Il y a plus de quarante (40) fois que le Ministre Gouverneur, Cissé Ibrahima Bacongo lui-même vient percer les pneus des véhicules. Aujourd’hui, c’est son cortège qui s’est négativement illustré ici. Nous voulons que les journalistes remontent l’information au haut lieu pour savoir si cet homme est vraiment du RHDP parce que nous doutons de sa bonne foi envers ce parti. Depuis 15 ans que nous sommes ici, on n’a jamais manifesté publiquement comme aujourd’hui. C’est Cissé Bacongo seul qui est à l’origine de tout cela. Nous ne savons pas pourquoi il perce nos pneus. Vous savez, il y a beaucoup de gouverneurs qui sont passés avant lui de l’époque d’Antoine Kangah jusqu’aujourd’hui, personne parmi eux ne s’est comporté comme ce que fait Bacongo. S’il refuse qu’on soit ici, qu’il nous montre un autre lieu où on va aller nous installer». Trop c’est trop, a-t-il lâché et il a fallu réagir vigoureusement pour remettre la pendule à l’heure, selon lui.
Bacongo a-t-il outrepassé ses prérogatives ?
Selon les dispositions de la loi n° 2014-453 portant statut du district autonome d’Abidjan, cette entité a pour compétences essentielles, notamment la protection de l’environnement, la planification de l’aménagement du territoire du District autonome, la lutte contre les effets néfastes de l’urbanisation, la promotion et la réalisation des actions de développement économique, social et culturel, la lutte contre l’insécurité, la protection et la promotion des traditions et coutumes. Pour atteindre ces objectifs, toujours selon ladite loi, «le district autonome d’Abidjan dispose de plusieurs instruments, à savoir le conseil du District autonome, le Gouverneur ainsi que le bureau du Conseil du District autonome». Il s’agit donc de tout un arsenal administratif chargé de planifier le développement dans sa zone de compétence. Mieux, l’article 59 de la même loi dispose que le Gouverneur a pour attributions essentielles, de préparer et soumettre au bureau du Conseil du District Autonome, l’ordre du jour des réunions, de convoquer et présider les réunions du bureau et celles du Conseil du District Autonome, d’exécuter les délibérations du Conseil du District Autonome, d’ordonner les dépenses et recettes du District sans préjudice des dispositions particulières des lois fiscales relatives à l’enrôlement des recettes fiscales des collectivités territoriales, d’assurer la fonction de chef des service du District Autonome, de gérer le domaine du District Autonome et d’exercer à cet effet, les pouvoirs de police afférents à cette gestion, notamment en ce qui concerne la circulation sur ce domaine, sous réserve des attributions dévolues aux maires, et aux représentants de l’Etat, enfin de représenter le District Autonome, sans préjudice des pouvoirs accordés par le Conseil du District autonome à des conseillers du District autonome désignés pour représenter le District Autonome au sein d’organismes extérieurs. L’article 60 précise que le gouverneur peut déléguer une partie de ses attributions à un ou plusieurs membres de son administration. Autrement dit, nulle part donc, il est mentionné que le gouverneur (ou un de ses agents) doit lui-même s’occuper de l’exécution physique des tâches quotidiennes du District Autonome étant donné l’existence d’un ensemble d’instruments capable d’agir promptement sur chaque pan des attributions du District. En conclusion, il faut reconnaître que le mouvement d’humeur des acteurs du transport de ce 23 Avril 2025 a failli coûter la vie à Cissé Ibrahima Bacongo n’eut été la promptitude de son protocole et de son service de sécurité. Toutefois, il faut mentionner qu’informé des faits, le Député-Maire d’Adjamé, Farikou Soumahoro s’est rendu en urgence sur les lieux. Et prenant la posture de médiateur, il a largement contribué à faire baisser la tension en déclarant : «Tout ce qui s’est passé est regrettable mais on va trouver une solution pour y remédier. Cela ne va plus se répéter». Après des négociations, des engagements ont été pris afin de calmer les ardeurs. Il s’agit d’identifier le nombre des pneus des véhicules qui ont été abimés par le District Autonome d’Abidjan en vue de faire remonter cette information à qui de droit.
Fidel Koné
