Les chefs des villages d’Elokaté, Elokato et de M’Batto Bouaké, tous, de la sous-préfecture de Bingerville, ont dénoncé avec véhémence le samedi 26 avril 2025 lors d’une déclaration commune, l’affectation de leur terre communautaire portant sur près de vingt millions de mettre carré, à la société privée SCI Immobilier Palmafrique, par le ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme.
A la suite de cette déclaration, la chefferie du village d’Akouai-Agban et celle du village de Bregbo, ont tenu à apporter une précision à travers un entretien de clarification conjoints qu’elles ont bien voulu nous accorder.
En effet, si la chefferie du village d’Akouai-Agban et celle du village de Bregbo se disent solidaires de la déclaration faite par les chefferies sœurs, elles s’étonnent toutefois, de la démarche entreprise par ces villages frères avec qui, la solidarité et l’union ont toujours guidé leur cohabitation. Pour l’honorable Adobi Aké Placide Guy-Marie, chef du ville d’Akouai-Agban, le village d’Akouai-Agban étant le village doyen, mieux, Akouai-Agban de par son histoire glorieuse dans la guerre de cession est l’une des figures emblématiques de la fratrie Kwe dans la zone impactée par le projet de Palmafrique. Pour étayer ses propos, Adobi Aké dit avoir des documents de l’Afrique occidentale Française (AOF) qui matérialisent la position des villages existants d’alors jusqu’au royaume d’Ebrah avec qui ils ont des liens et des frontières historiques. Pour lui donc, il serait nécessaire que le village d’Akouai-Agban joue un rôle majeur dans la résolution de ce litige.
« Tous les cinq (5) villages à savoir : Akouai-Agban, Bregbo, Elokate, Elokato et M’Batto Bouaké sont tous impactés par ce dossier. Pour ma part, il serait plus judicieux que tous les villages soient associés pour le porter jusqu’à son dénouement final. Personne ne doit rester en marge pour la bonne résolution de ce litige », a-t-il suggéré.
Une position défendue par l’honorable, Atcho Amany Félix, chef du village de Bregbo qui dira ceci en substance : « au regard de l’historique de ce dossier, mon village ne peut pas en être écarté. Vous savez, on ne peut pas parler de Palmindustrie sans évoquer le nom du patriarche feu Atcho Albert, ancien chef du village de Bregbo qui était un ami personnel de feu le Président Félix Houphouët Boigny. Le Président Houphouët le consultait régulièrement sur les dossiers qui concernaient les Atchan. A ce titre, c’était à lui que le Père de la nation avait confié le soin de convaincre les autres chefs à l’effet d’accepter de confier des parcelles à l’Etat, pour la création de Palmindustrie. Au regard de cela, j’estime que ce serait à la fois injuste et froisser l’histoire de nos peuples que d’écarter le village de Bregbo dans le règlement de ce dossier».
Comme on peut le constater, pour ces deux villages, l’issue heureuse de cette affaire avec tout ce que cela comporte comme implication du ministère en charge de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme (MCLU), nécessite une unicité des efforts et une coordination des actions, sans toutefois raidir les positions face au ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme.
Les chefs des villages d’Akouai-Agban et de Bregbo pensent pour leur part, que le pays a trop souffert des conflits liés au foncier. Il incombe donc au MCLU de calmer le jeu. Cela passera inéluctablement par le dialogue avec les chefs de village qui sont aussi des relais de l’administration. Ils demandent d’appeler toutes les parties à la table de discussion pour trouver des solutions consensuelles et surtout pérennes pour la paix et la stabilité sociale dans les cinq villages impliqués dans ce dossier. C’est donc un appel que lancent les chefs de village d’Akouai-Agban et de Bregbo à l’endroit de leurs homologues à savoir les chefs des villages d’Elokato, d’Elokaté et de M’Batto Bouaké afin d’unir leur force, dans la gestion de ce conflit dont l’heureux dénouement sera un grand soulagement pour leurs communautés respectives.
Olivier Guédé