La difficulté de se loger à Abidjan semblait pouvoir trouver solution avec le projet ‘’un fonctionnaire-un toit’’ initié par la société Kossonou trading SA. Mais alors que cette belle initiative va rentrer dans sa phase de matérialisation, voilà une situation imprévue qui risque de tout compromettre. Le village d’Abiatté 2 dans la sous-préfecture de Songon qui abrite le projet se désolidarise du promoteur et met en garde. La déclaration a été faite par le chef de village ce 29 novembre 2024.
« Compte tenu du fait que la société Kossonou Trading SA n’a pas respecté ses engagements et les promesses faites, la communauté villageoise d’Abattié 2 n’est aucunement engagée dans les différentes actions opérées par la société Kossonou Trading SA. Elle n’est ni impliquée dans les transactions de vente et n’est nullement engagée dans un quelconque projet dénommé ‘’un fonctionnaire-un toit’’. Elle demande donc l’ouverture d’une enquête du procureur de la république sur les agissements de Kossonou trading SA et met en garde les éventuels souscripteurs au projet dénommé ‘’un fonctionnaire-un toit’’ », telle est la chute de la déclaration rendue publique par le chef de village d’Abiatté 2 Biékoua Gbaka Joël.
Désaccords entre les villageois et Kassonou Trading
A l’évidence, cette sortie de la tête couronnée accompagnée par Akmel Loba S.R présenté comme mandataire de la famille qui aura cédé la parcelle de 103 hectares qui abrite ledit projet et, par ailleurs, membre de la commission foncière dudit village, démontre à suffisance que le torchon brûle entre la communauté villageoise et la société Kossonou Trading SA, promotrice dudit projet.
A l’origine du différend entre les deux partenaires, la déclaration fait état de manquements aux obligations de la part du promoteur. Ce dernier est accusé de ne s’être pas acquitté du prix de cession de la parcelle concernée ; une somme de six milliards cinquante-six millions quatre cent mille francs cfa (6.056.400.000).
Mais pour en arriver là, à en croire Biékoua Gbaka Joël et Akmel Loba S.R, tout serait parti de la découverte de fausses déclarations faites par le promoteur à la signature de la convention qui les lie. Notamment sur sa qualité. « L’opérateur, conduit par Kossonou Yao Sylvain, s’est présenté comme promoteur immobilier dont l’activité est la promotion, le financement et la commercialisation de programmes de logement sociaux économiques de moyens et de haut standing », souligne le chef Biékoua.
L’affaire au tribunal
Après vérification auprès du ministère de la construction, du logement et de l’urbanisme, l’autre partie contractante aurait découvert que le nom de Kossonou Trading ne figure pas sur la liste des promoteurs immobiliers agréés en Côte d’Ivoire. Et pour exacerber les suspicions, le partenaire fait des difficultés à honorer ses engagements financiers. Et curieusement, il se maintient sur le site concerné avec l’appui d’agents de police. Il n’en fallait pas plus pour déchaîner la pression de la communauté village, au risque de troubler la suite du processus de réalisation du projet. Et c’est, selon toute vraisemblance, ce qui conduit le promoteur à saisir la justice.
L’affaire Kossonou Trading contre Biékou Gbaka Joël enregistrée au tribunal de première instance de Yopougon sous le numéro 2717/2023 se solde par l’interdiction au chef de village Biékoua Gbaka Joël ainsi qu’à toute personne de son chef de troubler le promoteur dans l’exploitation de la parcelle mise à disposition. Mais en même temps, la justice lui accorde une période supplémentaire de grâce de 6 mois pour s’acquitter du prix de cession de la parcelle.
Cependant, si durant ce temps l’opérateur immobilier a pu poursuivre ses activités sur la parcelle, conformément à la décision de justice, il reste qu’il n’a pas toujours daigné payer aux détenteurs de droits coutumiers ce qu’il leur revenait, à en croire la déclaration. Et de surcroît, le promoteur se serait barricadé à l’aide d’agents de la police nationale sur le site ; ce que la communauté villageoise d’Abiatté 2 n’accepte pas.
Et c’est pour cette raison, selon le chef de village Biékoua Gbaka Joël qu’une action en annulation de la convention entre son village et la société Kossonou Trading SA a été initiée, par ses soins, devant le tribunal de première instance de Bingerville, au sujet des terres cédées dans le cadre de ce partenariat. Un acte qui pourrait porter un sérieux coup à ce projet qui a suscité un réel engouement chez les fonctionnaires ivoiriens, en raison des énormes difficultés à se loger à Abidjan.
Jacques Gossan
LA REACTION DE SYLVAIN YAO KOSSONOU (PDG DE KOSSONOU TRADING SA)
« … NOUS NE POUVONS PRENDRE LE RISQUE DE PAYER A LA MAUVAISE PERSONNE LES SOMMES DUES »

« Nous sommes une société de promotion immobilière légalement constituée et en activité sur plusieurs sites avant d’arriver à Abiatté 2. Et je reconnais que ces terres sont du ressort administratif du chef Biékoua Gbaka Joël pour qui j’ai beaucoup de respect. Sauf que depuis les six mois de grâce qui nous ont été accordés pour payer, d’autres personnes revendiquent soit la propriété soit des droits sur cette parcelle. J’en ai saisi le chef de village d’Abiatté 2 et je lui ai même suggéré qu’ils s’entendent. Parce qu’un mauvais arrangement vaut toujours mieux qu’un procès. Il m’a demandé de sécuriser la parcelle ; ce que nous avons fait. Il n’empêche que les mécontentements devenant récurrents, nous ne pouvons prendre le risque de payer à la mauvaise personne les sommes dues. Ils sont aujourd’hui devant la justice qui va trancher pour les départager. Alors nous nous exécuterons. D’ici-là, nous y avons fait d’importants investissements. Nous poursuivons donc nos activités. Et je puis rassurer les souscripteurs qu’il n’y a pas péril en la demeure ».
Propos recueillis par Jacques Gossan