« Je fais le sale boulot, mais l’histoire retiendra que je l’ai fait dans l’intérêt commun »
« J’ai conscience d’avoir fait du tort à beaucoup de personnes »
« Les miens souffrent d’entendre toutes les méchancetés sur moi »
M. Cissé Ibrahima Bacongo, Ministre-Gouverneur du District Autonome d’Abidjan a animé une conférence de presse le jeudi 16 janvier 2025 à la salle Félix Houphouët-Boigny de l’Hôtel du District à Abidjan-Plateau. « Quel bilan et quelles perspectives pour le District Autonome d’Abidjan », tel était le thème sur lequel il s’est prononcé. Cet exercice fut surtout un grand moment de vérité où Cissé Bacongo dans un rare moment de confession a parlé de la douleur qu’il ressent quand les populations ne comprennent pas la quintessence de sa mission : celle surtout de sauver des vies humaines.
Cela fait environ un an que Cissé Bacongo a été nommé à la tête du District Autonome d’Abidjan. Et selon lui, la mission confiée était claire : restaurer l’ordre urbain en vue d’améliorer le cadre de vie et accélérer le développement économique.
« Ma mission n’est pas une mission facile. Je l’ai accepté en pleine conscience en sachant que je ferai du tort à beaucoup de personnes. Je savais que je ferai du tort à des inconnus, des amis, des parents, des anonymes comme des illustres. Pour paraphraser le Président du Bénin Patrice Talon, je cite : j’ai fait et je fais le sale boulot, le sale job. Je le fait mais je sais que l’histoire reconnaîtra que je l’ai fait dans l’intérêt commun. On ne peut pas se développer sans faire de sacrifices, c’est impossible. Si nous cherchons à tout préserver à savoir nos acquis, nos faiblesses, nos souffrances alors je dirais, Abidjan ne se développera jamais. Nos enfants, petits-enfants, arrières petits-enfants seront donc condamnés à subir le même sort que nous. Ce n’est pas de gaité de cœur que je prends des décisions difficiles mais salutaires pour tous ». Voici en substance ce qu’à dit Cissé Bacongo à l’issue de son propos liminaire avant d’aborder les questions des journalistes pour parler du cas de conscience que lui impose une mission difficile qu’on lui a demandé de mener à bien.
Selon lui, il s’agit là d’une mission qui aurait dû être menée à bien depuis belle lurette. Une tâche qui devait être faite par « ceux qui aujourd’hui instrumentalise la thématique et la problématique du déguerpissement et du désordre urbain ». À ce propos voici ce qu’il en dit : « certains sont allés se pincer le nez dans la foule. Qu’est-ce qu’ils sont allés chercher là-bas s’ils n’arrivent pas à supporter les odeurs ? N’y allez pas, c’est tout ! », a-t-il regretté. Pour lui, ce travail difficile qu’il abat aurait dû être fait depuis longtemps. « Hélas, tout le monde veut plaire. Tout le monde porte son cœur en bandoulière, et comme c’est la politique on affirme partout des ‘´ je vous aime ´´ », a dénoncé le Ministre-Gouverneur.
« LES MIENS SOUFFRENT D’ENTENDRE TOUTES LES MÉCHANCETÉS SUR MOI »
Et de poursuivre en soutenant que « lui aussi aime plaire. J’ai des enfants, j’ai une famille et des amis. Je veux plaire à tout le monde, à mes concitoyens, à ceux qui m’entourent. Mais je sais qu’ils souffrent ceux qui m’aiment, ils souffrent dans leur chair, ils souffrent dans leur âme d’entendre tout ce qu’ils entendent sur moi. Toutes sortes de méchancetés. Mais c’est le désir de plaire qui m’obsède tous les jours et que j’aimerais atteindre à la fin de ma mission ».
Pour Cissé Bacongo, le challenge il sera à la fin de sa mission. « À la fin de ma mission, je voudrais qu’on puisse me dire, ce fut dur, ce fut dur pour lui mais il a essayé. Ce fut compliqué, on l’a insulté, on lui a jeté des pierres mais à la fin, il a réussi ». Il s’agit pour lui d’une mission à accomplir. « Oui, je fais un sale boulot, le sale job, mais je suis convaincu que l’histoire reconnaîtra que j’ai fait, ce que j’ai fait dans l’intérêt de tous et dans l’intérêt commun », a-t-il déclaré.
« À PROPOS DES DÉGUERPISSEMENTS, J’AI CONSCIENCE D’AVOIR FAIT DU TORT À BEAUCOUP DE PERSONNES »
Abordant la question du déguerpissement, Cissé Bacongo n’a pas usé de la langue de bois. « J’ai bien conscience que ce que j’ai fait n’était pas facile. Je sais que j’ai fait du tort à beaucoup de personnes. Certains s’imaginent que je n’ai aucune empathie, que je n’ai aucune humanité. Cela me fait mal. Soyez certain que je n’ai aucun couteau entre les dents en accomplissant cette mission. Sachez que tout ce qui le préoccupe, c’est la vie. La vie des populations car, les voir braver le danger et mettre en péril leur existence n’est pas quelque chose qu’il faille accepter. J’ai de l’empathie, mais je considère que vivre est mille fois meilleur que laisser des gens mourir parce qu’ils n’auraient soit disant pas mieux où vivre », a soutenu Le Gouverneur du District d’Abidjan.
LES PRIORITÉS ET PROJETS DE CISSÉ BACONGO POUR 2025
De nouveaux défis à relever pour l’année 2025 par le gouverneur du District autonome d’Abidjan. Après les déguerpissements et autres aménagements de sites, Cissé Bacongo a jeté son dévolu sur le transport, la fluidité routière, la gestion des ordures ménagères, l’aménagement et l’embellissement des espaces publics et les actions sociales et culturelles. En ce qui concerne le transport notamment en commun, selon lui, l’objectif visé est d’organiser au mieux l’activité de transport des passagers à l’intérieur de chaque commune et entre les communes du District Autonome d’Abidjan. Cette organisation impose au District et aux 13 mairies du District de, à l’en croire, créer des gares multimodales pour libérer les chaussées, réduire les embouteillages et les actes d’incivisme posés par les agents et personnel employés dans ce secteur, surtout par les chauffeurs de minicars ou ‘’gbakas’’et de taxis communaux ou ‘’woro-woro. Il s’agira aussi de définir conjointement les lignes de transport entre les communes pour éviter les stationnements et gares anarchiques. Cette initiative devrait contribuer à la fluidité routière. Cissé Bacongo envisage également, en effet, la création d’un parc logistique pour le stationnement des camions des transports. Sans oublier la création d’une gare de véhicules de transport en commun entre la ville d’Abidjan et les villes de l’intérieur de la Côte d’Ivoire d’une part et entre la ville d’Abidjan et les pays voisins de la sous-région d’autre part.
Sur la problématique des déchets, il a indiqué que la prolifération des dépôts sauvages des ordures de toutes sortes dans les treize (13) communes du District, nécessite des solutions urgentes pour l’amélioration de la gestion des ordures ménagères. En outre, le ministre-gouverneur a prévu d’aménager et d’embellir des espaces publics. A ses dires, il sera question de ravalement des façades des bâtiments sur les grandes artères, boulevards et avenues dans le cadre d’une rénovation urbaine aboutie avec : l’attribution d’une couleur au choix de chacune des 13 communes du District Autonome d’Abidjan, la définition de la hauteur de nouveaux bâtiments à construire dans chaque commune pour assurer une certaine harmonie.
Quant à sa politique sociale et culturelle, elle porte le projet de construction d’un siège pour la chefferie traditionnelle atchan. L’objectif est de promouvoir et de rendre visibles les us et coutumes de la communauté Atchan et partant de renforcer son rôle et son action dans la cohésion sociale. De son avis, le siège de la chefferie, les assurances santé, le téléphone et le carburant fournis permettront aux chefs traditionnels de travailler l’esprit tranquille aux services de la cohésion nationale et de l’unité nationale. « La volonté du président de la République a toujours été de renforcer l’autorité et la légitimité de nos gardiens de la tradition. En attendant, j’ai le plaisir de vous donner la primeur d’une information importante : la remise des véhicules aux 95 chefs Atchan et Akyé le 28 janvier 2025 », a-t-il révélé. Par ailleurs, il a annoncé l’augmentation de la dotation budgétaire du prix ADO du jeune entrepreneur émergent. Il passera de 200 Fcfa à 300 millions Fcfa pour l’exercice 2025, soit de 40 à 60bénéficiaires, pour tenir compte de la forte demande exprimée par les jeunes et de la qualité des projets proposés.
Olivier Guédé